Montarnal

L'un des premiers villages médiévaux du Rouergue

 

Le petit hameau de Montarnal blotti dans un méandre du Lot, est un des premiers villages médiévaux de la région. Son origine est attestée depuis au moins le XIe siècle. Il s’est constitué naturellement autour de son château, l’un des plus anciens qui subsistent en Aveyron. Le caractère patrimonial exceptionnel du village avec son château fait l’objet d’une inscription au titre des sites depuis 1942. Au 19e siècle l’agglomération comptait 140 habitants, et fut un haut lieu de constructions de gabarres. Ces embarcations à fond plat permettaient la navigation et le commerce vers l’Aquitaine.

Un des premiers villages de l'ère médiévale du Rouergue

 

 

 

Un peu d’histoire

 

  • Un des plus anciens châteaux de l’Aveyron (classé MH en 1997)

Au moyen âge l’insécurité générale en Rouergue conduit les Seigneurs à édifier des forts et des mottes castrales, qui deviendront ensuite des châteaux. C’est le contexte de l’origine du château de Montarnal, propriété de la puissante famille de MONTE-ARNAL dont la présence est attestée depuis l’an 962.

 

Sous le règne de Philippe 1er, Gauzfred de MONTE-ARNAL, est allé en pèlerinage en Terre Sainte, d’où il a ramené le modèle de grilles en fer forgé de la chapelle de Montarnal. Ce personnage aurait également participé à la bataille de Hastings en 1066, aux côtés de Guillaume le Conquérant, d’où la présence des reliques de St BRANDAN sur les rives du LOT. (cf. Notre Dame d’Aynès)

 

Le château qui avait titre de baronnie est un des plus anciens qui subsistent en Aveyron.

 

L'appareillage de ses murs justifie son appartenance à une époque romane primitive, qui ferait remonter son existence avant le XIe siècle. Propriété de la famille de MONTARNAL jusqu’au XIVe siècle, il changea plusieurs fois de maître pour n’être plus qu’un titre porté par François FIGEAGOL de la GRANGE trésorier de France à Montauban et baron de Montarnal à la révolution. Le château fut divisé à cette période. Il a fallu 30 ans de tractations et de transactions au propriétaire actuel pour réunifier l’ensemble après deux siècles d’abandon. Les travaux de restauration entrepris ont reçu le 16 septembre 2006 le Prix Départemental des Vieilles Maisons de France « Patrimoine et Racines ».


 

 

A propos de la tour 

 

  • L’une des sept tours rondes de l’Aveyron

Ce donjon cylindrique fait partie des sept tours rondes sur les 50 recensées en Rouergue. C’est un exemple de tour refuge en cas de danger : la tour et la salle seigneuriale sont totalement indépendantes. Elle est construite avec le matériau local, le schiste, excepté les archères en pierre de taille en granit. Ce sont les plus anciennes connues (1ere La tour ronde du château de Montarnal avec son superbe appareillage en schistemoitié du XIVe siècle), à étrier et double croisillon. UNIQUE EN ROUERGUE.
La présence de quelques assises en « épi » a pu conduire certains spécialistes à la dater à tort des XIe ou XIIe siècle. Mais le plan circulaire, postérieur aux tours carrées, et les archères en étrier ne permettent pas de remonter au-delà du XIVe siècle.
La restauration effectuée sous la conduite de Mr l’architecte départemental auprès des bâtiments de France respecte l’aspect ruiniforme de l’ensemble

 

 

 

 

PROPRIETE PRIVEE

 

LA CHAPELLE

 

C’est une chapelle « castrale », qui faisait partie de l’ensemble du lieu, château et logis seigneurial. Longtemps dédiée à St Jacques car située sur une variante du chemin de Compostelle, depuis le XVIIe siècle elle est vouée au culte de St Roch pour la protection des épidémies.

 

L’extérieur a fait l’objet en 2007 d’un ravalement par la commune qui en a profité pour rétablir le clocher à peigne qui abrite la cloche du XIVe siècle, jugée la plus ancienne du Rouergue par les spécialistes. Elle porte l’inscription « AVE MARIA GRATIA PLENA DOMINUS TECUM » en lettres semi romaines, semi onciales.


L’intérieur de cette chapelle récemment restauré par les bénévoles de l’Association Paroissiale de Notre Dame d’Aynès, renferme des grilles en fer forgé datées du XIIe siècle ; identiques à celles de Conques, à celles de Pampelune et à celles de la mosquée d’Omar à Jérusalem !!!

 

 

 

  • Restauration des grilles médiévales de la chapelle de Montarnal
    La mairie de Sénergues et l’association de Notre-Dame d’Aynès ont au cours de l'année 2015 restauré les grilles du chœur de la chapelle de Montarnal.
    Ces grilles en fer forgé du XIIème siècle constituent un élément majeur de la chapelle. Semblables à celles de l’abbatiale de Conques, elles sont très rare en Ces grilles exceptionnelles ont besoin de vousFrance ce qui leur a valu d’être classées Monuments Historique en 1992.
    Cette vieille dame de 1 000 ans se tient encore fièrement debout mais les maladies liées à son âge la rongent. Elle est corrodée sur toute sa surface et d’importants soulèvements d’écailles sont visibles en de nombreux endroits.
    Un tel projet représente un budget de 17 500 €. Certes la mairie a reçu des aides de l'Etat,  la Région, le Département, mais il est resté environ 7 000 € à financer.
    L'opération mécénat mise en place par l'Association de Notre Dame d'Aynès en partenariat avec la paroisse Notre-Dame des Eaux vives à permis de sauver ce joyau de l’art médiéval.

 

 

 

LES GRILLES DE LA CHAPELLE DE MONTARNAL ONT RETROUVE LEUR JEUNESSE ET LEUR CONFIGURATION ORIGINELLE

 

Jeudi 29 octobre 2015, en présence de Mr Laurent Fau, Conservateur des Antiquités et objets d’Art de l’Aveyron, de Paul Goudy Maire de Sénergues accompagné de Jean-Claude Richard adjoint en charge de la culture et du patrimoine, Typhaine et Caroline de l’entreprise Toulousaine Materia-Viva sont venues procéder à la repose des grilles en fer forgée restaurées par leurs soins méticuleux. La matinée fut consacrée, en compagnie de Hervé Burguion ferronnier, à leur mise en place sous la conduite et l’œil attentif de Typhaine. Il fallait en effet, respecter leur positionnement d’origine qui avait été modifié et inversé au fil des siècles. Ce travail minutieux et précis a permis à Alexandre Germain, maçon, de procéder à leur scellement l’après-midi.

Un résultat remarquable. Les grilles ont retrouvé toute leur finesse, leur élégance primitive et révélées des détails enfouis sous la corrosion. Ceci est l’aboutissement de 300 heures de traitements successifs. Après des analyses préalables il a été effectué un micro-sablage très fin au corindon, pour éliminer 1 cm d’épaisseur de diverses couches de protection appliquées au cours des temps. Il s’agissait essentiellement de peintures au plomb chargées de sulfate de baryum, sans polychromie. Ce décapage doux effectué, la seconde opération a consisté en une passivation d’une semaine et demi pour faire réagir le métal qui s’est naturellement auto protégé. L’ultime phase a été l’application minutieuse d’une cire microcristalline  protectrice qui va retarder les effets d’une inévitable nouvelle corrosion.

Les premières personnes qui ont eu le privilège de voir ces grilles restaurées sont unanimes pour dire que c’est une remarquable réussite, qui a pu être menée à bien grâce à l’action conjointe de la municipalité, qui a déposé les dossiers de subventions et l’Association de Notre Dame d’Aynès qui a mis en place une opération mécénat. Celle-ci a financé la totalité de l’indispensable complément. 

 

Avant restauration

 

 Après restauration
 
 
 
 
 

Les grilles du XIIème siècle de la chapelle seigneuriale du village de Montarnal ont fait l’objet d’une action de restauration en septembre et octobre 2015 par l’entreprise Toulousaine Materia-Viva, qui leur ont permis de retrouver toute leur finesse et mettre en valeur l’art de la maîtrise du fer de l’époque. Mardi 16 août 2016, lors de la traditionnelle fête de Saint-Roch de Montarnal, elles ont été bénies et symboliquement inaugurées. En effet lors de la sympathique messe concélébrée par le père Jean-Luc Michel et Maxime de Montarnal, récemment ordonné, c’est ce dernier qui a béni les grilles à l’issu de la célébration, pour la plus grande satisfaction de son grand père Philippe de Montarnal doyen de la famille.

En présence de Michelle Buessinger et Christian Teulié, Conseillers Départementaux, de Laurent Fau Conservateur des Antiquités et Objets d’Arts de l’Aveyron, de Jean-Marie Lacombe Président de la CCCM, de Jean-Pierre Combal Président de l’association de Notre Dame d’Aynès, de Christian Bernat, Paul Goudy, maire de Sénergues, a retracé la genèse de cette restauration en soulignant le rôle de Laurent Fau qui a accompagné et soutenu ce projet auprès de la DRAC avec efficacité. Après une expertise la restauration s’est effectuée en trois phases : nettoyage jusqu’au métal sain, stabilisation et protection. « Grâce à tous, Montarnal a conservé sa page d’histoire et son âme que nous allons léguer aux générations futures, comme ont su si bien le faire nos ancêtres dont nous pouvons être fiers » concluait-il.

Tous les intervenants ont été unanimes pour souligner l’excellent travail de restauration, ainsi que le montage financier exemplaire de cette opération de sauvetage qui réunit des institutionnels, des particuliers et le monde associatif qui a monté un mécénat pour compléter les aides de l’Etat, de la Région et du Département.

Un vin d’honneur offert par la municipalité et animé par le groupe Lous Castelous a rassemblé tous les participants de cette sympathique cérémonie, avant que l’association de Notre-Dame d’Aynès invite, les 90 donateurs et tous les bénévoles à un convivial et succulent buffet.

 

 

 

A propos de la sidérurgie à l’époque médiévale et des grilles de la chapelle

 

La renaissance de la sidérurgie en France se situe approximativement au milieu du XIIème siècle. Il n’est pas étonnant dès lors que les grilles de Conques et de Montarnal, qui sont jumelles à bien des égards, soient datées de cette époque, fin XIIème début XIIIème. Ce qui caractérise ces grilles et leur datation c’est qu’à l’époque romane, les méthodes d’assemblage du fer forgé sont peu développées. La soudure et la brasure n’existent pas. C’est le baguage qui est la technique utilisée pour assurer les liaisons entre les parties horizontales et les structures verticales. Cela présente l’inconvénient d’une faiblesse de structure compensée par la présence en partie haute d’une poutre en bois dans laquelle viennent s’encastrer les montants verticaux des grilles.

Le travail d’exécution de ces grilles est déjà très élaboré et relève certainement d’une longue tradition de la ferronnerie en Haute-Auvergne, en Rouergue, en Languedoc et en pays Catalan, (forges catalanes). Nous retrouvons des grilles similaires à Billom, à Gannat, à Coustouges et Huriel dans les Pyrénées. A la même époque hors de France, il s’est fait également des grilles de facture semblable à Iguacel en Aragon, à Bésalu en Catalogne et même jusqu’en Angleterre en la cathédrale de Chichester. Mais celles qui se rapprochent le plus de celles Conques sont celles de Pampelune via le moine de Conques Pierre d’Andouque devenu Evêque de Pampelune au début du XIIème siècle.

Le lien légendaire entre toutes ces grilles c’est qu’elles auraient été confectionnées avec des chaines de prisonniers délivrés qui offraient leurs entraves de fer en ex-voto. Ces miracles étaient tellement fréquents que les amas de fers déposés ont conduit les moines à faire forger ces fers pour les employer soit en portes, soit en grilles ou balustres.

Il est certain que ces grilles étaient destinées à protéger de précieuses reliques ou un trésor voire les deux. Ce fut leur rôle principal à Conques : protéger les reliques de Sainte-Foy, ainsi que le trésor de l’atelier d’orfèvrerie de l’abbé Bégon III de Moret, très convoités. N’oublions pas qu’elles garantissaient l’avenir et la prospérité de l’abbatiale. Cette protection physique assurait à la fois une barrière mystique et une garantie sécuritaire. De plus elles laissent visibles le trésor ce qui était indispensable pour favoriser l’afflux des pèlerins. Nous retrouvons régulièrement des grilles du XIIe et du XIIIe siècle qui sont très répandues le long de l’itinéraire des chemins du pèlerinage de Compostelle.

La chapelle qui remonte au XIe siècle pour son début de construction, n’était pas dotée de grilles à l’origine. Elle était située sur un passage du chemin de Compostelle via Aurillac où les pèlerins allaient vénérer saint Géraud et Montsalvy pour rendre hommage à saint Gausbert, avant de se rendre à Conques honorer les reliques de sainte Foy.

L’un des premiers personnages identifiés à Montarnal est le baron Gauzfred de Monte Arnaldo qui est allé en pèlerinage au Saint Sépulcre au XIe, voyage attesté par des donations enregistrées au cartulaire de Conques. De ce périple il a ramené un certain nombre de reliques dont certaines sont conservées en l’église paroissiale de Notre Dame d’Aynès. Elles furent très sûrement exposées en la chapelle seigneuriale de Montarnal. Furent-elles protégées dès cette époque par ces grilles. Nous n’en avons pas la preuve. La première mention de leur existence, est le compte rendu de la visite pastorale de Mgr Bernardin de Corneilhan, le 17 août 1635, ou il est mentionné que « le sanctuaire est fermé d’un balustre de fer » (Vol. G107, fol. 448 vo Archives départementales de l’Aveyron, ADA).

Ces grilles ont-elles fait l’objet d’une translation en provenance de l’abbatiale de Conques lors de divers travaux de rénovations et plus particulièrement au XVe lors de la restauration de la tour lanterne par l’abbé Louis de Crevant. C’est également une hypothèse plausible compte tenu des nombreux liens qui unissaient la baronnie de Montarnal avec la communauté de Conques où étaient présents des membres influents de cette famille.

Dans son étude sur la restauration des grilles du sanctuaire de Conques, Marie-Anne Sire, conservateur en chef du patrimoine, adjointe à l’inspection générale des monuments historiques, précise, je cite « la grille contemporaine de Montarnal provient sans doute du même ensemble ». Le fait de provenir d’un même ensemble n’induit pas systématiquement un même emplacement d’origine. L’analyse de Marie-Anne Sire conforte totalement leur datation et la provenance d’un même atelier de ferronnerie. Mais il reste encore une part de mystère quant aux raisons de leur éventuelle « translation » et surtout à qui nous devons ce bel héritage ?

Par contre ce dont nous sommes certains, c’est que les grilles de la chapelle de Montarnal sont authentiques dans leur composition et configuration. Elles n’ont pas subi de transformations comme celles de Conques pour les adapter aux colonnes du chœur comme nous venons de le voir.

Voilà nous avons tenté de lever un petit bout du voile ce soir mais il reste encore bien du mystère.

Réjouissons-nous simplement de la présence de ces grilles remarquables que nous ont léguées nos ancêtres grâce aux soins méticuleux qu’ils leur ont apportés. Je précise qu’il reste seulement 27 grilles médiévales identifiées en France et nous avons l’aubaine d’en posséder une.

  

« Extraits de la conférence de Jean-Claude Richard lors des Journées du Patrimoine 2016 »

 

 

 

 

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